Le droit fiscal est une branche très spécifique du droit français. Il relève en théorie du droit public mais nécessite d’importantes connaissances en droit privé. Il est considéré comme une des matières juridiques les plus compliquées (je suis d’accord) les plus ingrates (je ne suis pas d’accord), et les moins sexy (je ne suis pas d’accord du tout).
C’est l’ensemble des règles qui régissent les impôts et les rapports des contribuables avec l’administration fiscale.
Comme en France tout est fiscalisé, le droit fiscal au sens large nécessite de comprendre le droit des entreprises, le droit du travail, le droit financier, le droit commercial, le droit des successions, le droit des régimes matrimoniaux, le droit de la responsabilité, l’ensemble du droit public, le droit international, en un mot : tout.
Un avocat fiscaliste est un avocat qui pratique le droit fiscal. S’il est vraiment sérieux, il doit donc tout savoir. S’il est au moins un peu sérieux, il doit bien connaître le droit fiscal au sens strict, et un peu tout le reste. En pratique cela nécessite de ne faire que ça. Je ne crois pas très sérieux de pratiquer le droit fiscal en plus d’une autre branche du droit.
Il existe un “label de qualité” officiel pour les avocat fiscalistes. Il vaut ce que valent les labels de qualité. Ce label est le “certificat de spécialisation” délivré par l’école du barreau, sur examen (très sélectif à Paris). Les candidats à l’examen doivent pouvoir justifier d’au moins quatre années entières d’activité professionnelle comme avocat dans la spécialité sollicitée.
Enfin, lorsque vous rencontrez quelqu’un dans une soirée et que vous lui dites que vous êtes avocat fiscaliste, les réactions sont les suivantes :
– en général : “Mais comment peux-tu faire un métier pareil ?”
– parfois : “Ah tu es inspecteur des impôts !”
– très rarement : “Tu peux me donner ta carte ?”
Pour les étudiants qui souhaiteraient toujours embrasser cette carrière, je recommande donc concrètement :
– d’abord d’abandonner cette idée si vous êtes fâché avec les chiffres (test : soit une facture de 1.000 € TTC, la TVA étant de 19,6%, ça fait combien HT ? La réponse n’est pas 804 €) ;
– poursuivre avec assiduité des études de droit classiques à la fac, en choisissant toutes les options possibles de droit fiscal ;
– continuer au moins jusqu’à un Master II en droit fiscal, quel que soit son intitulé exact ;
– passer l’école du barreau et devenir avocat ;
– pendant ce temps multiplier les stages dans des cabinets de droit fiscal de genres divers (petits ou grands, français ou internationaux, en conseil ou en contentieux …) pour savoir ce que vous préférez ;
– ne pas vous focaliser sur des études complémentaires (science-po, écoles de commerces …) qui élargissent certes votre culture générale, mais vous dispersent trop ;
– cultiver une impertinence polie et modeste.
Dominique LAURANT